Página principal  |  Contacto  

Correo electrónico:

Contraseña:

Registrarse ahora!

¿Has olvidado tu contraseña?

Masoneria
 
Novedades
  Únete ahora
  Panel de mensajes 
  Galería de imágenes 
 Archivos y documentos 
 Encuestas y Test 
  Lista de Participantes
 El Águila Masónica 
 EL CUADRO SIMBÓLICO 
 
 
  Herramientas
 
General: Le Temple,
Elegir otro panel de mensajes
Tema anterior  Tema siguiente
Respuesta  Mensaje 1 de 1 en el tema 
De: Kadyr  (Mensaje original) Enviado: 12/05/2024 02:39
Le Temple, espace-temps symbolique de la franc-maçonnerie

Le Temple maçonnique, comme son modèle, le Temple de Jérusalem construit par le Roi Salomon à partir de 959 av. J.-C., constituent des arcanes majeurs de la tradition initiatique, arcanes d'une extrême complexité. En effet, l’étude du Temple, l’enseignement traditionnel qui s’y rattache et la pratique des rituels dans son espace-temps, épuisent à proprement parler le contenu de l’initiation par la franc-maçonnerie. Le reste est vraiment mineur sinon inutile et je crois qu’il serait temps qu’on s’en détache un peu.

Les nombreuses sources dont nous disposons pour l’étude du Temple de Jérusalem, à défaut de la réalité archéologique de l’édifice entièrement détruit à deux reprises, sont : la Bible, particulièrement les livres de Samuel, des Rois et des Chroniques, d’Ezra, de Néhémie, d’Ezéchiel, de Daniel, le traité Middoth du Talmud et les écrits de l’historien juif Flavius Josèphe, né à Jérusalem en l’an 37 ap. J.-C., auteur des « Antiquités judaïques ». A ces sources, viennent s’ajouter en 1947, les 800 rouleaux « Manuscrits de la Mer morte », écrits entre 250 av. J.-C. et 68 ap. J.-C., considérés actuellement comme émanant d’une communauté d’Esséniens, organisation gnostique dont les membres vivaient à Qumran près de Jéricho. C’est l’époque qui précède la destruction par Titus, en 70 ap. J.-C., de la dernière forme du Temple. Il sera complètement rasé par Hadrien en 135. Nous pouvons donc affirmer que pour l’essentiel, le Temple de Jérusalem, son environnement et des aspects de son symbolisme, nous sont à peu près connus.

Espace consacré par excellence, ce Temple constitue la base symbolique d’une large partie du REAA en 33 degrés, tissé autour de ses proportions géométriques, des outils qui furent requis pour sa construction, des détails légendaires qui entourèrent celle-ci. Il ne faut pas oublier que la maîtrise maçonnique, qui constitue le 3ème degré du REAA est liée à un texte talmudique. Trop de maçon l’ignorent, et c’est bien dommage. Ainsi donc, dès que l’on évoque la franc-maçonnerie et bien avant de pouvoir affirmer quoi que ce soit à son sujet, une image surgit, celle de son Temple, vision globale de son univers fermé, imago mundi, réalité à la fois cosmique et humaine, macrocosmique et microcosmique, dans son unité.

L’analogie entre macrocosme et microcosme, entre l’univers cosmique et l’homme dans ses multiples états d’être, est l’expression d’une véritéprimordiale dans les sciences traditionnelles, sciences qui éclairent la franc-maçonnerie de tradition. Le sens exact du mot grec « kosmos » est celui d’univers considéré dans son ensemble, dans son unité en tant qu’ordre harmonique. Un dicton soufi dit aussi que « l’homme est un petit univers et que l’univers est un grand homme ». Les conséquences sont considérables pour la vision de la vie humaine et de la vie tout courte, pour la médecine, pour l’écologie en général, mais aussi pour une vision plus ample de la destinée de la création.

Symbole de vérité absolue, symbole de la création de « l’homme universel », la « Maison de Dieu », le Temple de Jérusalem, a été édifié sur des plansque le Roi David a reçu en « songe » de source « non humaine », ou si vous préférez, de sources traditionnelles, sources dont il va falloir parler un jour ici. Il ne pourrait en être autrement pour la conscience monothéiste de ce peuple qui fut nomade et qui avait sanctifié la vie et le monde. Nos anciens Maîtres ont conceptualisé, par intuition intellectuelle, de façon mathématique, autrement dit par cet art qui est la science des sciences, la connaissance intuitive du réel. C’est ce concept mathématique et ses conséquences métaphysiques qui ont été transcrits en architecture, et communiqués à la postérité. Mais je m’empresse de dire, en citant Emmanuel Levinas, « qu’il ne peut y avoir de métaphysique correctement comprise, ou même interprétée, sans éthique ».

Les cathédrales gothiques, parmi tant d’autres édifices dits sacrés, sont bties sur les mêmes principes mathématiques, capables de suggestions métaphysiques. Nous sommes, dans notre recherche d’ordre éthique, les héritiers directs de ceux qui les ont construites. Aujourd’hui, nous constatons en entrant en maçonnerie, que le Temple et la tradition initiatique dépassent infiniment le pouvoir de l’entendement immédiat et rendent dans une certaine mesure vaine, sinon ridicule toute tentative d’approche purement théorique, approche extérieure par définition, comme si l’on voulait étudier la vie et ses mystères uniquement par la dissection d’un cadavre. Ceci explique la nécessité absolue des pratiques rituelles, pratiques qui impliquent que l’on se consacre réellement, c’est-à-dire que l’on vive intérieurement et constamment une expérience synthétique. Rien ni personne ne peut remplacer le vécu initiatique, cette entrée courageuse et risquée dans le labyrinthe de la conscience, entrée risquée même s’il est vrai que nous sommes pourvus d’outils. C’est le moment de rappeler que la franc-maçonnerie, comme toute autre voie initiatique, est une science de l’esprit de même que le bouddhisme, la cabale ou le soufisme, pour ne prendre que quelques exemples.

Selon l’expression propre au judaïsme, il y a trois principes de vie : l’olam, chana et néféche, qui désignent respectivement le monde ou l’univers spatial, l’année, ou l’univers temporel et l’me, ou l’univers psychique et spirituel humain, dans leurs corrélations. Le cœur de l’olam, de l’univers spatial, est la Terre d’Israël, dont le cœur intérieur est Jérusalem ; le cœur de la chana, de l’univers temporal est le Sabbat, dont le cœur intérieur est Yom Kippour, le jour du Pardon ; le cœur de Néféche, de l’univers spirituel de l’humanité, est le peuple d’Israël, dont le cœur intérieur est le Tsadik, le juste. Ces trois cœurs se rattachent enfin au cœur du monde par un nœud divin. Tout autre forme authentiquement traditionnelle s’exprime d’une façon analogue et sacralise toujours l’espace-temps de la vie qu’elle évoque.

Par opposition à toute étude profane, l’expérience initiatique vécue par le rituel de la lumière de la tradition est, comme l’indique la cabale hébraïque, « un contact direct et immédiat avec le divin, un ravissement, par lequel la lumière est reçue dans sa demeure ». La fixation de « l’influx céleste », présence spirituelle dans un « support » dans une conscience corporelle, crée le « cristal inondé de lumière », le Temple rempli de la Shekînh. Mais « toute lumière suppose une ombre et ne devient clarté que par opposition à cette ombre », toujours selon la cabale, science qui constitue la grande voie initiatique propre au judaïsme. Aux termes de la cabale, « la réalité du Temple est un tout dans lequel le visible et l’invisible, le matériel et le spirituel s’interpénètrent et s’unissent. C’est le signe que la réalité est vivante ».

L’expérience mise en question nous apparaît comme une préparation qui prend nécessairement du temps et nous, les maçons, nous disons en connaissance de cause, le temps d’une vie. Les amateurs de distractions, d’amusements intellectuels et de sensations à bon marché, les esprits légers et contents de l’être, les esprits lourds du trop de savoir profane qui brille et aveugle, perdent tout leur temps et leur argent et se perdent durant toute une vie en dehors de la maçonnerie et à l’intérieur de la maçonnerie. Je serai tenté de dire qu’ils ont de la chance en quelque sorte.

Nous sommes toujours au sujet de cette planche, car l’homme seul, ayant l’idée du temps est amené à le compter, à le diviser, à l’apprécier dans son unicité apparemment irréversible. A y regarder de plus près, nous trouvons la conscience de l’éternité, l’abolition du temps dans sa durée linéaire, alors que la séparation des instants suppose des espaces du temps, des longueurs, des distances qui sont des attentes cycliques. Tout notre sujet est là : à l’ouverture des travaux de méditation, à chaque « midi plein », à l’instant où nous allumons les feux d’un cycle d’utilisation des symboles, nos outils, où les rites s’enchaînent selon le rituel, à l’intérieur de notre espace-temps sacré et fermé, à l’intérieur de notre édifice saint, « hieron », (sacré en grec), à l’intérieur de notre vie. D’ailleurs, en vertu de la loi des correspondances qui relie toutes choses dans l’existence universelle, il y a toujours et nécessairement une certaine analogie soit entre les différents cycles de même ordre, soit entre les cycles principaux et leurs divisions secondaires. Ce temps Qualitativement différent, ce temps sacré, est le temps cyclique qui se régénère lui-même, représenté symboliquement par le serpent Ouroboros qui se mord la queue, image de l’unité de toute chose. Le cosmos est alors le ciel intérieur, lieu où s’opère l’union du monde chthonien, union du ciel et de la terre et de toute dualité. Cette image circulaire exprime la rupture d’avec une évolution linéaire et marque un changement tel qu’il semble émerger à un niveau d’être supérieur, le niveau d’être céleste ou spiritualisé, symbolisé par le cercle, justement figure de l’infinie perfection.

André Malraux rappelait que le sacré se définit surtout par l’absence du temps quantitatif et que l’apparition des machines à mesurer le temps, les horloges, en remplaçant les cadrans solaires, au début du 15ème siècle, constitue un signe du passage aux temps modernes. Le « time is money » si cher aux britanniques est né. Sénèque, qui vécut au tout début de notre ère à Rome, le contemporain du Christ, écrit : « vraiment misérable est l’homme obsédé par l’avenir, malheureux avant le malheur, tout angoissé par la crainte de ne pouvoir conserver jusqu’à la dernière heure les choses qu’il aime ». Je crois qu’il n’y a rien d’exagéré dans cette affirmation.

L’ouverture des travaux dans un temple maçonnique, à midi plein, signifie essentiellement l’irruption de la réalité cosmique, l’irruption du sacré et la disparition soudaine de la fiction, de l’illusion qui nous occupe dans la vie courante, irruption qui se produit à partir d’un ici et maintenant qui déclenche le reconstitution du monde sous la forme de ce symbolisme, modèle mathématique, qui est le Temple. Il faut ajouter que ce modèle est matriciel et que les mathématiques en question sont des plus complexes, constituent la science et la mystique du nombre. C’est le moment de rappeler que cette forme particulière de la tradition initiatique qu’est la maçonnerie, se rattache aussi, par la « géométrie sacrée », par le symbolisme du Grand Architecte de l’Univers, à ce « géomètre du monde » que l’on trouve chez Pythagore et Platon.

Entendu dans sa signification la plus précise et la plus technique, le symbolisme du Grand Architecte n’est autre que celui d’Apollon. La construction mythique de la franc-maçonnerie est une cosmogonie et ceci non seulement parce que le sanctuaire représente le monde et son archétype céleste, mais aussi parce que le temple permet de vivre les diverscycles temporels exprimés par les rites. Voici ce que rapporte Flavius Joseph dans « Antiquités judaïques » à propos du symbolisme du Temple de Jérusalem : « les trois parties du sanctuaire correspondent aux trois régions cosmiques (la cour représente la « Mer » - c’est-à-dire les régions inférieures, la Sainte Maison figurant la Terre et le Saint des Saints le Ciel; les 12 tranches qui se trouvent sur la table symbolisent les 12 mois de l’année ; le candélabre avec 70 branches représente les Décans (c’est-à-dire la division zodiacale des sept planètes en dizaines) – le chariot de l’me Merkova.

A notre époque où le temps manque, où le temps n’a plus le temps d’être, dans l’élan frénétique vers nulle part, vers ailleurs, ou vers un Au-delà, l’entendement de l’espace-temps sacré exige la faculté de synthèse, la coordination des notions, autrement dit une intelligence et une raison de cœur.

La maçonnerie dénonce un espace-temps vécu d’une manière maladive, une crise, et une course aux conséquences dévastatrices, selon une optique dite profane du monde. Les anciens ont eu la prémonition extraordinaire et l’on figuré par les innombrables dessins de labyrinthes, figures effacées dans les cathédrales au début du 14ème siècle en même temps que la démolition des jubés par des curés ignares manipulés par un clergé avide d’un pouvoir exclusif au mépris de l’homme et du Grand Architecte de l’Univers.

On lui oppose une autre vision, un espace-temps qualitativement différent qui constitue le fondement, l’objet et le sujet de l’initiation à une autre vie, à une vie harmonieuse rythmée par le temps cosmique, à une vie dans la réalité. Dans ce sens, la maçonnerie rencontre comme je viens de la dire, d’autres grandes expressions de la tradition, d’autres sciences de l’esprit : le bouddhisme, la cabale, le soufisme et leurs floraisons, les arts, suprêmes produits de l’activité humaine. C’est le moment de dire que les vocations et les métiers, qui sont d’ailleurs des vocations, se sont petit à petit transformés pour la plupart en occupations de fonctions à caractère spéculatif, en services, certes nécessaires de nos jours, mais dont le potentiel créatif et formateur s’est nettement amoindri au fur et à mesure que le vite fait et bon marché ont pris le dessus dans une société de plus en plus mercantile, Nous trouvons le bien-être et le plaisir de vivre avec plus de facilité, mais le prix à payer est celui de notre appauvrissement spirituel, source désespoir et aussi source de vanité.

La maçonnerie ne peut enseigner que ce qu’elle est, par le moyen de ses symboles, dans son Temple et sans abdiquer son rôle qui est de transmettre une influence spirituelle à l’intérieur de la forme la plus élevée du mouvement qui est la vie humaine. Trop nombreux sont ceux qui voudraient bien qu’elle serve à autre chose, qu’elle se plie à leurs passions et à leurs idéologies, qu’elle véhicule des idées à la mode transitoire.

Pour les frères en maçonnerie, héritiers des tailleurs de pierre et btisseurs de cathédrales, le « lieu de travail » a la forme d’un carré long, en rapport avec le nombre d’or et la qualification de l’espace, carré aux dimensions incommensurables dans six directions cruciformes qui sont : l’orient, l’occident, le nord, le sud, le nadir et le zénith. Ces directions sont trirectangles, en conformité avec la réalité de la construction du monde cosmique, monde qui est le lieu géométrique sphéroïde spatio-temporel contenant ce que Platon (427-342 av. J.-C.) décrit comme étant les sphères célestes en perpétuel mouvement établissant la « musique des sphères », l’harmonie de l’univers. C’est la raison de la présence de la voûte céleste étoilée au zénith, avec ses constellations et son pivot, l’étoile Polaire justement au zénith de la maçonnerie. On serait bien inspirés dans notre Loge EOS si l’on suspendait notre fil à plomb au zénith, à l’étoile Polaire, pour qu’il nous indique le nadir. La verticalité de la construction selon l’Axe du monde est l’exigence suprême de la franc-maçonnerie, car elle essaye de mettre l’homme debout. Dans les rites, cette exigence est assurée par le F ? 2ème Surveillant, porteur du bijou correspondant, le fil à plomb. Notons en passant à propos de l’orientation cette fois, que Templum signifiait le secteur du ciel observé par l’augure qui délimitait ainsi une surface bien déterminée. Puis le mot a désigné le lieu, l’édifice à partir duquel on pratiquait l’observation du ciel. Le mot « temple » s’associe ainsi à l’observation du mouvement des astres. L’orientation du Temple de Jérusalem se trouve exposée dans la Bible, II Chroniques VI. Il était ouvert vers l’orient, contrairement au Temple maçonnique qui est ouvert vers l’ouest. Il faudrait comprendre ce changement qui n’est sans doute pas dépourvu de signification.

Nous, les francs-maçons, nous faisons référence à la Bible, livre particulièrement riche en tradition universelle, parce que la franc-maçonnerie est elle-même une des formes particulières de la tradition universelle, justement rattachée à la Bible. Mais il ne faut jamais perdre de vue que d’autres formes de tradition initiatique se rattachent à d’autres livres ou des transmissions orales, tout en sachant que la tradition universelle demeure une et unique. Pour résumer : l’espace et le temps sont des réalités inséparables parce que l’espace est généré par le mouvement intarissable de ses repères, mouvement soumis au temps, et que la mesure du temps est spatiale par les mêmes repères, donc géométrique au sens mathématique du terme. C’est la raison pour laquelle « nul n’entre ici s’il n’est géomètre ». Pour prendre les « mesures » du Temple, pour saisir les qualités de son espace-temps, l’instrument adéquat est le cycle et son corollaire, le rythme. Une oreille interne entraînée et attentive peut les percevoir. Par exemple, la présence du soleil et de la lune dans son cycle ascendant, doit être perçue avant toute autre considération symbolique, comme indiquant deux rythmes, donc deux calendriers qui concernent directement les paramètres de notre vie, et non pas seulement les paramètres de la vie intérieure. Le rituel dit que la lune préside à la carrière de la nuit et que le soleil préside à la carrière du jour. Truisme ou vérité d’un autre ordre, comprend qui peut. « Le soleil et la lune assument une fonction normative dans l’Art des constructeurs, tout comme ils participent au triomphe de l’ordre sur le chaos dans le récit de la Genèse », le plus limpide traité d’alchimie, dit notre frère Jean Tourniac.

De tous les astres mobiles, il n’y a que le soleil et la lune dont les mouvements puissent être représentés par des cercles réguliers sur le ciel des étoiles fixes (le zodiaque) qui représente notre système et écran de référence. Sans voûte des constellations, notre monde solaro-lunaire serait en mouvement sans repères. Les orbites apparentes des autres planètes sont à la fois régies par le centre solaire et le centre terrestre, de façon qu’elles évoluent en des mouvements combinés. Il y a donc un rapport simple entre le rythme solaire et celui de la lune ; celle-ci parcourt le zodiaque en 28 jours, et on lui assigne 28 stations ou mansions qui se répartissent d'une façon inégale mais rythmiques sur les douze parties du zodiaque et que l’on compte à partir de l’équinoxe de printemps. Le véritable commencement du cycle lunaire, qui s’exprime dans la succession des lunaisons, ne coïncide pas toujours avec le point de l’équinoxe, car les deux points d’intersection de l’orbite lunaire avec le cycle solaire, que l’on appelle dans la science d’Hermès la « tête » et la « queue » du Dragon, décrivent en 18 ans le tour de tout le « ciel des stations ».

Les astres mobiles, les sept planètes, sont hiérarchisées selon leurs positions orbitales, ainsi que les sept métaux correspondants, appelés éléments planétaires du monde souterrain ; les planètes étant les métaux du ciel. C’est de ces métaux-là que nous sommes déliés à l’initiation par le rite de la délivrance, le rite de dépouillement, car « par le nombre 7 le créateur est lié à sa création » selon la vision de la Cabale. L’ensemble de l’univers solaire est appelé caverne cosmique ou prison. Cette prison est munie de deux portes, une porte inférieure au solstice d’été, la porte des hommes, et une porte supérieure au solstice d’hiver, la porte des dieux. Les deux Saint-Jean de la maçonnerie Johanite rendent les deux rites que vous connaissez indispensables. Avec un peu de bonne volonté, le maçon saisit le sens de la mouvance microcosmique relative au cycle solaire, celui du feu central dans son régime, avec son corollaire, le cycle lunaire, dans ce qui apparaît alors comme une ontologie de « buisson ardent ».

Sans entrer dans trop de détails, je voudrai signaler que pour certains, cette vision des choses est empreinte, oui ou non, d’un déterminisme cosmique apparemment objectif, qui explique donc la vie humaine, le cours et le sens de l’histoire, la destinée même de l’univers de sa naissance à sa disparition. Sur ce point de doctrine, théologiens, historiens, philosophes, poètes et moralistes ont trouvé le champ de bataille rêvé, alors que le sage réalise la transmutation des métaux vils en or dans le silence et la solitude de son laboratoire.

Anaximandre Homère, Empedocle d’Agrigente, qui a codifié la théorie des quatre éléments, Heraclit, Hésiod ont adhérer diversement à la doctrine de l’analogie macrocosme-microcosme. Nous éloignons qu’en apparence de notre sujet en évoquant le débat sur la liberté absolue de la conscience, ou sur la relative conscience de la liberté. Je me contente de citer Platon : « cet univers qui est le nôtre, tantôt la Divinité guide l’ensemble de sa révolution circulaire, tantôt elle l’abandonne à lui-même, une fois que les révolutions ont atteint en durée la mesure qui sied à cet univers ; et il recommence alors à tourner dans le sens opposé de son propre mouvement ».
Pour Titus Burkhardt (alchimiste suisse mort à Pully dans les années 80), je cite : « par la considération de la précession des équinoxes, nous touchons nécessairement aux limites de l’ensemble cosmique qui se caractérise par la coïncidence des déterminations temporelles et spatiales dans le mouvement des astres. Cet ensemble ne peut pas être un système clos, et dès que nous considérons ses limites, nous manquons de mesures ; car le temps se mesure par le mouvement dans l’espace. Le monde visible est comme une figure parfaitement cohérente, tissée sur un fond glissant qui échappe à notre prise ». Le langage de la tradition ne fait pas de distinctions entre les cieux planétaires dans leurs réalités corporelle et visible et ce qui leur correspond dans l’ordre subtil supposé, car le symbolisme s’identifie essentiellement à la chose symbolisée. Les sphères planétaires sont à la fois des parties du monde corporel et des degrés du monde subtil qui composent l'me humaine universelle.

Dans son très beau livre « Essai sur le Rythme », Matila Ghika considère que le rythme est la distribution d’une durée en une suite d’intervalles réguliers rendus sensibles par le retour d’un repère et doués d’une fonction harmonique. De toute évidence, les partitions de l’espace, la divine proportion, en somme la philosophie de la forme développée par les btisseurs de cathédrales entre autres, suppose que les rythmes s’intègrent les uns aux autres et finissent par apparaître, au travers des horizons cycliques, la lumière de l’unité. Cette lumière de l’unité suppose une absence de temps, un ravissement, un instant privilégié que chacun de nous a vécu peut-être un jour ou l’autre, porté là par une heureuse méditation. Les rituels de la maçonnerie invitent l’initié à suivre ces horizons cycliques pas à pas, par degrés. Je signale sans m’arrêter que le labyrinthe, chemin initiatique, chemin de Jérusalem, remplit aussi ce rôle et qu’il fait partie du patrimoine symbolique fondamental de la maçonnerie. Thésée se sert du fil d’Ariane pour « naviguer » et finalement sortir vivant, pour se sauver de la mort.

L’initiation à la franc-maçonnerie crée et constitue des géomètres qualifiés d’un espace-temps sacré, le leur, tailleurs de cette pierre brute certes, mais douée de qualités pour devenir pierre cubique sous les coups rythmés des maillets et des ciseaux. La pierre porte son titre de noblesse « matière première », car dans ce Temple, carré long, régie par les six directions de l’espace cruciforme, prendra naissance l’me, univers planétaire vivant, organisme que la symbolique de l’alchimie appelle « œuf du monde ». Vous reconnaissez le symbolisme astrologique ridiculisé de nos jours par les horoscopes des journaux. Par son caractère universel, ce symbolisme astrologique malmené avec son corollaire, le symbolisme animalier, est une des clefs de lecture opératoire, de décryptage de mythologies et des traités d’alchimie, une des manières d’approcher un autre univers mental, d’autres civilisations et aussi l’unique modalité de compréhension d’un très grand nombre d’œuvres d’art. Sans clefs symboliques, le monde ancien demeure muet et ses trésors inutiles. Mais surtout, ce symbolisme nous parle de l’homme de toujours, de la complexité de son me, de mystère qui entoure le labyrinthe de la vie. Il appartient à la tradition universelle la plus reculée.

C’est le mérite récent de la psychologie moderne et de la littérature que d’avoir vigoureusement réveillé le symbolisme astrologique.
Nous disons volontiers que le rôle de la Tradition est de veiller tout au long de l’histoire d’un cycle, de maintenir vivante la lumière de l’esprit, comme une mère qui veille sur la conscience endormie, même si la tradition n’a aucun moyen d’intervenir dans ses rêveries en dehors de l’initiation qui conduit à l’éveil, réputé rare, difficile et non sans dangers, car il conduit de l’illusion à la réalité.

Ainsi l’homme intérieur qui doit renaître à la lumière spirituelle, se situe au centre de la caverne souterraine, figurant le centre du monde, lieu où tous les états se concentrent et se réalisent. C’est l’œuf primordial où la régénération s’accomplit dans son thétre sacré, le « theatrum chemicum » que les maçons ne peuvent ignorer.

Pour être plus précis, nous disons que la franc-maçonnerie a voulu intégrer symboliquement dans le temple, l’image de l’homme et du monde cosmique en reprenant le modèle du Temple de Salomon btit à Yahvé ; elle a noté plus particulièrement son symbolisme géométrique, son désir d’orientation, selon la description biblique, I Rois VI, 2 à 26 et Exode XXVII, 1 pour le volume cubique du Saint des Saints, ainsi que Exode XXVI pour le Tabernacle.

La construction du Temple selon le concept d’harmonie est « un accord de proportions entre les parties de l’ensemble et entre chaque partie et l’ensemble, une commodulation » écrit Matila Ghyka dans son magistral livre Mystiques des nombres, Payot 1972. Un parallélisme entre les proportions du temple idéal et celles du corps humain est ainsi établi. Pythagore, en inventant le mot « cosmos » pense à un univers bien ordonné par les nombres, c’est-à-dire harmonieusement crée et ordonné par son créateur. « Dieu a tout réglé avec les mesures, les nombres et les poids », voici une idée d’une extraordinaire actualité scientifique que l’on trouve dans le « Livre de la Sagesse de Salomon » rédigé au cours du 2ème siècle avant notre ère par un juif alexandrin. D’autre part, Philolas, disciple de Pythagore, définit l’harmonie comme l’unification du divers avec la mise en concordance du discordant, la participation de la phrase de la Table d’Emeraude « ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, pour l’accomplissement de la chose unique…etc. etc. » avec l’idée de la puissance du verbe créant l’ordre dans le chaos, l’équilibre naturel dans l’ensemble de ses éléments.

Mais tout naturellement, cette exigence d’harmonie conduit au sens éthique de notre quête. Et le maçon digne de ce titre de noblesse ne pourra jamais concevoir quelque philosophie que ce soit sans effort permanent de penser l’éthique, c’est-à-dire, très exactement, la relation à Autrui. Et ce, à travers son visage ! Dostoïevski fait dire à un des frères Karamazov : « nous sommes tous responsables de tout et de tous devant tous, et moi plus que tous les autres ». Le maçon digne de ce titre de noblesse est celui qui peut vivre l’esprit comme inquiétude et d’en assumer la responsabilité.

La construction du Temple idéal de l’humanité se fait malgré tout à chaque instant de la vie et partout dans le monde, par le travail persévérant, à la gloire et au nom du Grand Architecte de l’Univers, par la sagesse, par la force et par la beauté de ses dignes ouvriers capables de s’oublier pour aimer. Très souvent, ce ne sont pas que des maçons sans tablier, ce qui au fond ne veut rien dire, car l’espace-temps sacré, Temple de la vie, est le même pour tous.

J’ai dit.


Primer  Anterior  Sin respuesta  Siguiente   Último  

 
©2024 - Gabitos - Todos los derechos reservados